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« La CAF m’a dit que j’étais bête d’aller travailler »

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« La CAF m’a dit que j’étais bête d’aller travailler »

Aurélie Barbot, Auxerroise de 27 ans, a commencé le 6 février une grève de la faim pour faire valoir son droit de travailler.

Mariée et mère de deux enfants de 2 et 6 ans, elle gagne en effet moins d’argent depuis qu’elle a retrouvé un emploi à plein temps que lorsqu’elle restait chez elle à garder ses enfants. La perte des aides sociales ne lui permet plus de joindre les deux bouts. Alors, quand elle ne travaille pas, elle campe devant la mairie d’Auxerre avec des pancartes portant le slogan « je veux avoir le droit de travailler. »

RMC nous rapporte son témoignage : « Avant, quand je travaillais à mi-temps et que mon mari était étudiant, entre mon salaire et les aides de la Caf, on touchait à peu près 2.000 euros. Et là, depuis qu’on travaille tous les deux à temps plein – moi dans une boulangerie et lui comme clerc de notaire -, on n’a pas assez pour vivre. En décembre, son salaire était de 1.259 euros et le mien de 1.143 euros. J’ai vu dimanche matin, sur mon compte Caf que je n’étais plus remboursée que de 290 euros par mois pour la garde des enfants par une assistante maternelle. Le salaire de la nounou est de 1.048 euros. Quand vous enlevez les aides de la Caf, il reste 800 euros à notre charge. Vous rajoutez les factures et le loyer, il ne nous reste plus rien pour vivre, alors qu’on travaille ! Si je restais chez moi pour garder mes enfants, même sans aides et avec le seul salaire de mon mari on aurait plus d’argent.

La Caf et la mairie d’Auxerre m’ont dit mot pour mot : ‘vous êtes bêtes d’aller travailler’. Et oui, aujourd’hui c’est comme ça : on touche plus d’argent à rester chez soi. Mais moi je ne veux pas être comme ces gens qui travaillent quelques mois par-ci par-là pour toucher les Assedic de Pôle-Emploi. J’adore mon travail et je veux le garder car je m’épanouis dans ce que je fais. (…)

Mon père m’a toujours dit: ‘si tu n’as pas décidé d’agir, tu n’as pas à te plaindre’. Donc j’ai décidé de ne pas subir en silence. Mais je ne pouvais pas me contenter de faire la grève de la faim et de rester chez moi. C’est comme ça que j’ai décidé de faire mes pancartes et de me mettre devant la mairie depuis mardi matin. J’y suis pendant mes jours de repos. Le maire a fini par accepter de me recevoir, mardi prochain. Il attendait certainement de voir si ce n’était pas un canular, et si j’allais tenir.

Ce n’est pas ma situation qui est triste, c’est la situation de tous les Français de la classe moyenne qui se retrouvent dans mon cas. Je reçois pleins de témoignages sur ma page Facebook. Une maman qui a trois enfants me dit qu’elle ne peut pas travailler, parce qu’elle ne trouve pas de nounou pour garder ses trois enfants en même temps, et parce que cela lui coûterait trop cher en frais de garde. Ma sœur et son mari ont des salaires un peu plus élevés que le mien, ils n’ont pas d’enfants et pourtant ils ne s’en sortent pas non plus. Elle me dit qu’entre avoir des enfants ou acheter une maison, elle a dû faire un choix et a choisi… d’acheter une maison. (…)

Aujourd’hui les femmes amènent plus de frais à leurs familles si elles travaillent que si elles restent chez elles à garder les enfants. Certaines choisissent d’élever leurs enfants et de rester à la maison, c’est leur choix, mais moi, mon choix c’est d’aller travailler. Je demande à pouvoir conserver mon travail et à ce qu’on trouve des solutions. Des solutions qui ne sont pas seulement dans l’augmentation des aides pour la garde de mes enfants, ça peut être aussi dans des horaires de crèches plus souples. Ici, la crèche ferme à 18h30, alors que je finis mon travail à 20h le soir. »

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